Quand Edouard Manet met à nu les conventions

Publié le par Romain

 

Le nu a depuis longtemps inspiré les artistes, et ce depuis l’antiquité et même avant. Cela dit jusqu’à l’arrivée des peintres réalistes et impressionnistes et plus précisément l’apparition d’Olympia d'Edouard Manet dans le milieu artistique, la représentation des nus était enchainée à de nombreux préceptes issus de la tradition.

Les représentations de nus, notamment à la renaissance (ex : Vénus de Milo de Botticelli) se voulaient allégoriques et se trouvaient intimement liées à la mythologie. Les peintures de nus de l’époque véhiculaient des valeurs d’amour, de chasteté, de beauté ou encore de pureté. Les corps fortement idéalisés étaient peints dans un environnement mythologique et la notion de divin était très largement  suggérée. La religion et plus largement les croyances pesaient encore de tout leur poids dans cette façon d’introduire des corps nus dans les arts.

 

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  Le courant Rococo au 18 ème siècle avec pour chefs de file les peintres François Boucher et Antoine Watteau, va marquer une première rupture importante avec cette tradition. Ceux-ci mettent en scène des nus dans des contextes privés en opposition avec l'environnement mythologique jusqu’alors prépondérant. Cela dit, l’allégorie reste au centre des œuvres produites et nous ramène à un idéal de beauté ainsi qu’à l’amour.

 

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 Au 19 ème siècle, on assiste à une opposition entre les néo-classiques     (ex : La baigneuse d’Ingres) qui défendent les conceptions antiques dans leur façon de représenter les nus et les romantiques (ex : nu de dos d’Eugène Delacroix) qui délaissent quelque peu les conventions pour se centrer davantage sur les effets de lumière et les couleurs, n’hésitant pas à exacerber les sentiments et à dramatiser certaines scènes.

 

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C’est dans ce contexte qu’Edouard Manet va jeter un parpaing dans la marre et ainsi éclabousser les traditions en matière de nu.

En 1863, il peint Olympia. Avec cette toile il rompt complètement avec la tradition et assène un coup violent à la conception du nu généralement admise de l’époque. Il n’hésite pas à représenter une femme nue, semble t-il une prostituée sur son lieu de travail qui d’un œil aguicheur provoque le spectateur. Elle n’exprime aucun sentiment et parait aussi froide et crue que l’idée de sexe dépourvue de sentiments. Il va plus loin dans la provocation en insérant dans la scène, un chat noir traditionnellement associé aux sorcières, une orchidée sur son oreille qui est une fleur réputée pour ses vertus aphrodisiaques ainsi qu’une pantoufle symbole conventionnel de la perte d’innocence.

 

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Le tout est réalisé par la main d’un grand maitre pourvu d’une maitrise presque arrogante de sa composition.

  Edouard Manet se détache ainsi complètement des conventions et rentre de plain-pied dans la modernité. Il revendique un art au-dessus du sujet et fait voler en éclats les chaines qui jusqu’à maintenant imposaient la manière d’aborder des sujets nus.

Le peintre réaliste Gustave Courbet avec l’origine du monde a  porté le coup final aux conventions et ouvre les portes à une représentation de sujets nus de façon complètement indépendante de tous mythes, croyances et traditions.

 

Nu de Courbet

 

Publié dans Peinture

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D
<br /> Bonjour,<br /> Bienvenue dans notre communauté.<br /> Merci de nous faire découvrir toutes les œuvres de notre riche patrimoine.<br /> Bon dimanche.<br /> D@net.<br /> <br /> <br />
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