L'Art comme support de communication avec l'autre monde.
L’Art a, de manière générale, souvent été associé aux croyances, au spirituel ainsi qu’aux religions, et ce depuis l’apparition de l’Art dans l’existence humaine.
La mythologie fut un réservoir inépuisable pour l’expression des artistes, notamment durant l’Antiquité. Le Moyen Age fut le spectateur de nombreuses productions artistiques religieuses ayant un véritable but pédagogique et pour finalité l’éducation des gens. La peinture en ce temps là était un véritable moyen de communication, bien plus universel que l’écriture.
Tryptique de Van Eyck
Plus surprenant, l’Art a parfois servi de véritable support de communication avec l’au-delà et le religieux.
Si nous remontons jusqu’à la genèse de l’Art, généralement située au moment de l’arrivée de l’homme moderne (l’homo sapiens), vers -40000(En Europe), nous faisons un voyage au cœur des étendues de steppes piétinées par les légendaires Mammouths ou autres Aurochs. Ce long voyage nous propulse dans le paléolithique, période glacière durant laquelle les hommes, peuples nomades organisés, vivaient d’une économie de prédation constituée de chasse, pêche et cueillette.
De cette période allant d’environ –40000 jusqu’à -12000, on retrouve principalement deux types d’Art. Un Art pariétal ayant les parois des grottes comme support et s’exprimant par la peinture, la gravure ou encore la sculpture, ainsi que l’Art Mobilier centré sur la décoration des objets, qu’ils soient outils ou armes.
Fresque dans la grotte de Chauvet
Les peuples en ce temps pratiquaient un Art magique. Les figurations symboliques avaient une utilité existentielle pour la survie du groupe. C’est ainsi que la représentation de sexes féminins avait pour vertu de favoriser la fécondité des femmes et ainsi assurer le renouvellement de leur existence.
Les nombreuses peintures d’animaux retrouvées sur des parois de grottes étaient peintes de façon indépendante de leur environnement, donc exemptes de tout paysage. Les animaux avaient une valeur symbolique. Ces fresques servaient vraisemblablement de support pour des rituels ayant pour finalité l’invocation d’esprit d’animaux. Certaines théories vont jusqu’à émettre l’idée qu’en s’attaquant symboliquement aux animaux peints sur les parois, les Homos Sapiens augmentaient leur chance de réussite durant la chasse réelle. Nous sommes là en présence de pratiques que l’on qualifiera plus tard de « chamaniques ».
Fresque dans la grotte de Lascaux
Maintenant, embarquons dans notre machine à voyager dans le temps et dans l’espace pour nous rendre dans la Chine du 2 ème au 13 ème siècle. Les estampes représentant des paysages conçus durant cette période l’étaient dans un but de méditation, de contemplation. Les Artistes pieux se mirent à peindre les éléments de la nature, l’eau, les montagnes afin d’avoir un support pour leurs exercices spirituels. Ces peintures réalisées sur des rouleaux de soie servaient de moyen de communication avec le divin.
Tout comme les Homo Sapiens durant la période paléolithique, les chinois se servaient à cette période de l’Art comme véritable moyen d’accéder à une dimension spirituelle, au-delà de la réalité physique. Alors que les nomades des steppes représentaient principalement les animaux hors de leur environnement, les Artistes chinois eux se concentraient sur les paysages et les différents éléments qui les composent et qui, je le rappelle, étaient des éléments occultés par les hommes des cavernes.
Estampe chinoise
Si le religieux à souvent été présent dans l’histoire de l’Art, il n’a pas toujours été utilisé de la même manière, ni pour les mêmes objectifs. Alors que notamment durant l’Antiquité et surtout durant le Moyen Age le religieux se servait de l’Art pour communiquer avec les hommes dans le but de les éduquer, les hommes durant le paléolithique et dans la Chine du 2 ème au 13 ème siècle utilisaient l’Art comme support de connexion avec le religieux. Le rapport est inversé.
On notera que le temps n’a jamais altéré ce désir profond des hommes, de communiquer avec l’autre monde.