Les vanités, de Caravage à Damien Hirst

Publié le par philoetart.over-blog.com

  "Memento mori"

 

crane-diamants-damien-hirst.jpg

 

« Une vanité est une catégorie particulière de nature morte dont la composition allégorique suggère que l’existence terrestre est vide, vaine, la vie humaine précaire et sans importance ». Les vanités sont là pour rappeler à l'Homme, la dimension éphémère de sa vie et le fait que nul terrestre n’échappe à la Grande Faucheuse. On y trouve aussi la relativité des notions de savoir, connaissance, beauté, richesse, face à la mort.

Si l’on regarde de plus près, les tableaux peints sur le thème des vanités durant le 17 ème siècle (période à laquelle la nature morte apparait comme un véritable genre), on s’aperçoit que ces toiles mettent effectivement en avant le fait que l’existence humaine, terrestre n’a que peu de valeur mais aussi  le fait qu’elle soit brève et furtive sur l’échelle du temps.  

 

5048vanites 

 

Dans les compositions, on retrouve l’idée de l’être humain qui se détériore de par l’exhibition de crânes humains ainsi que par le pourrissement de la chair. L’homme y est représenté tel un morceau de viande périssable,  parfois même mangé par des vers. La valeur symbolique y est très forte quand on sait que dans l’esprit des gens ces créatures terrestres sont probablement les plus répugnantes et méprisables qu’elles soient et rappellent un peu plus la misère de notre existence et le fait que la terre fini par avoir raison de tout être vivant quelque soit son niveau dans la chaine alimentaire.

Les attributs terrestres qui sont valorisés dans l’existence humaine tel le savoir, le plaisir, la beauté, la richesse complètent souvent les compositions par des objets symboliques que sont les livres, les instruments de musique, les bijoux ou encore le sablier et la bougie, ces deux derniers représentant la fuite du temps.

 

vanites-1.jpg 

Durant cette période classique, ce processus rappelle à l’Homme sa nature périssable et la dimension misérable de sa condition. Les vanités servent de miroir à l’Homme pour mieux constater l’envers du décor. Cela dit la dimension divine, spirituelle est toujours mise en opposition, il y a ici une dualité entre le divin et le terrestre. C’est ainsi que l’on trouve dans les compositions, des prêtres, des anges, des objets religieux s’opposant aux crânes humains, aux chairs en décomposition et aux attributs terrestres que sont les objets. Ce procédé permet d’attribuer une dimension éternelle à l’âme en opposition à la périssabilité du corps humain ; la rédemption après le chaos.

On peut ainsi en conclure que l’Homme en renonçant aux vanités terrestres peut obtenir le salut et ainsi accéder à la vie éternelle. L’idée que la vie a du sens est ici développée à travers le divin et le spirituel.

  vanites-4.jpg

 

Les vanités dans leur approche moderne continuent de mettre l’Homme face à sa condition et à ainsi entretenir l’idée de la mort comme issue incontournable. Cela dit l’opposition du terrestre avec le divin disparait pour ne laisser qu’une dimension décorative à l’objet mortuaire. Celui-ci devient un objet que l’on retrouve dans les ateliers d’arts et qui est utilisé comme modèle, pour son design et ses formes complexes. Le crâne humain devient donc un modèle d’art que l’on représente dans différente matières, couleurs et procédés tous plus originaux les que les autres.

Dimitri  Tsykalove sculpte le crâne humain dans des fruits et légumes symboles de vie mais qui rappellent la dimension éphémère et périssable de celle-ci.

Marina Abramovic nous propose une photo dans laquelle on la voit portant sur son dos un squelette, poids de notre condition, poids de la vérité.

Jean michel Basquiat et Andy Warhol transposent un esthétisme pop aux vanités.

 

   vanites-2.jpgjean-michel-basquiat-untitled-1982.jpg  

  

Les vanités sont reprises par les modernes, dans lesquelles outre la dimension symbolique, l’esthétisme et l’art pour l’art ont une valeur prépondérante. Ici se perd l’idée du divin qui donnait un sens à la vie. L’approche est nihiliste, l’existence humaine est dénuée de toute signification, dénuée de sens. Le rapport divin/terrestre/matériel devient terrestre/matériel.

Les vanités ont gardé leur idée de départ : mettre l’Homme face à la mort et à la réalité misérable de son existence, mais alors que les classiques le faisaient en insérant la dimension divine qui donnait du sens à la vie, ainsi que l’espoir d’accéder à la vie éternelle, les modernes le font sans qu’il n’y ait plus aucun sens, dans une approche nihiliste ou la dimension transcendante n’est plus.

Pour finir, comment ne pas faire référence à l’exposition Dreamlands qui a voulu montrer l’envers du décor du monde illusoire dans lequel on vit. Nicolas Rubinstein nous propose une œuvre représentant le crâne de Mickey, symbole de l’empire Disney. Cet objet nous ramène à l’idée que derrière l’illusion dans laquelle le monde se plonge pour fuir la réalité de sa condition se trouve le néant.

  vanites-5.jpg                                                       

 

 

Publié dans Peinture

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article